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En verdensomseiling under havet
Vingt Mille Lieues sous les Mers, Paris 1869



Utdrag

[F 1]
Referanser til Erik Pontoppidan og Paul Egede om sjømonstre
Ch. I

On vit réapparaître dans les journaux — à court de copie — tous les êtres imaginaires et gigantesques, depuis la baleine blanche, le terrible « Moby Dick » des régions hyperboréennes, jusqu'au Kraken démesuré, dont les tentacules peuvent enlacer un bâtiment de cinq cents tonneaux et l'entraîner dans les abîmes de l'Océan. On reproduisit même les procès-verbaux des temps anciens les opinions d'Aristote et de Pline, qui admettaient l'existence de ces monstres, puis les récits norvégiens de l'évêque Pontoppidan, les relations de Paul Heggede, et enfin les rapports de M. Harrington, dont la bonne foi ne peut être soupçonnée, quand il affirme avoir vu, étant à bord du Castillan, en 1857, cet énorme serpent qui n'avait jamais fréquenté jusqu'alors que les mers de l'ancien Constitutionnel.

oversatt:
”….alle disse gigantiske fantasi-vesener, fra den hvite hvalen, den forferdelige Moby Dick fra de arktiske områder, til Kraken hvis tentakler kunne omslynge skip på fem hundre tonn og dra dem med seg ned i havdypet. Vi husker også Aristoteles og Plinius som bekreftet eksistensen av disse monsterne, og de norske historiene til biskop Pontoppidan og Paul [H]Egede, […]



[N : Bergens-biskopen Erik Pontoppidan og den danske misjonær Paul Egede, sønn av Hans Egede på Grønland]


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[F 2]
Referansene til Christoffer Hansteen om jordmagnetisme
Ch.
XIII

Pendant ces journées, de violents grains nous assaillirent.
Par certaines brumes épaisses, on ne se fût pas vu d'une extrémité de la plate-forme à l'autre. Le vent sautait brusquement à tous les points du compas. La neige s'accumulait en couches si dures qu'il fallait la briser à coups de pic. Rien qu'à la température de cinq degrés au-dessous de zéro, toutes les parties extérieures du Nautilus se recouvraient de glaces. Un gréement n'aurait pu se manoeuvrer, car tous les garants eussent été engagés dans la gorge des poulies. Un bâtiment sans voiles et mû par un moteur électrique qui se passait de charbon, pouvait seul affronter d'aussi hautes latitudes.

Dans ces conditions, le baromètre se tint généralement très bas. Il tomba même à 73°5'. Les indications de la boussole n'offraient plus aucune garantie. Ses aiguilles affolées marquaient des directions contradictoires, en s'approchant du pôle magnétique méridional qui ne se confond pas avec le sud du monde. En effet, suivant Hansten, ce pôle est situé à peu près par 70° de latitude et 130° de longitude, et d'après les observations de Duperrey, par 135° de longitude et 70°30' de latitude. Il fallait faire alors des observations nombreuses sur les compas transportés à différentes parties du navire et prendre une moyenne. Mais souvent, on s'en rapportait à l'estime pour relever la route parcourue, méthode peu satisfaisante au milieu de ces passes sinueuses dont les points de repère changent incessamment.

Enfin, le 18 mars, après vingt assauts inutiles, le Nautilus se vit définitivement enrayé. Ce n'étaient plus ni les streams, ni les palks, ni les ice-fields, mais une interminable et immobile barrière formée de montagnes soudées entre elles.
« La banquise ! » me dit le Canadien.

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[F 3]
Om torskefangst og torskeegg
Ch.
XX

On peut dire que ces morues sont des poissons de montagnes, car Terre-Neuve n'est qu'une montagne sous-marine. Lorsque le Nautilus s'ouvrit un chemin à travers leurs phalanges pressées, Conseil ne put retenir cette observation :
« Ça ! des morues ! dit-il ; mais je croyais que les morues étaient plates comme des limandes ou des soles ?
— Naïf ! m'écriai-je. Les morues ne sont plates que chez l'épicier, où on les montre ouvertes et étalées. Mais dans l'eau, ce sont des poissons fusiformes comme les mulets, et parfaitement conformés pour la marche.

— Je veux croire monsieur, répondit Conseil. Quelle nuée, quelle fourmilière !
— Eh ! mon ami, il y en aurait bien davantage, sans leurs ennemis, les rascasses et les hommes !
Sais-tu combien on a compté d'oeufs dans une seule femelle ?
— Faisons bien les choses, répondit Conseil. Cinq cent mille.
— Onze millions, mon ami.
— Onze millions.
Voila ce que je n'admettrai jamais, à moins de les compter moi-même.
— Compte-les, Conseil.
Mais tu auras plus vite fait de me croire.
D'ailleurs, c'est par milliers que les Français, les Anglais, les Américains, les Danois, les Norvégiens pêchent les morues. On les consomme en quantités prodigieuses, et sans l'étonnante fécondité de ces poissons, les mers en seraient bientôt dépeuplées. Ainsi en Angleterre et en Amérique seulement, cinq mille navires montés par soixante-quinze mille marins, sont employés à la pêche de la morue. Chaque navire en rapporte quarante mille en moyenne, ce qui fait vingt-cinq millions. Sur les côtes de la Norvège, même résultat.

— Bien, répondit Conseil, je m'en rapporte à monsieur. Je ne les compterai pas.
— Quoi donc ?
— Les onze millions d'oeufs. Mais je ferai une remarque.
— Laquelle ?
— C'est que si tous les oeufs éclosaient, il suffirait de quatre morues pour alimenter l'Angleterre, l'Amérique et la Norvège. »


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[F 4]
Stedsangivelse for Tidevanns-strømmen
Faroe – norwege og norsk ordtak
Ch. XXII

« Maelstrom ! Maelstrom ! » s'écriait-il.
Le Maelstrom ! Un nom plus effrayant dans une situation plus effrayante pouvait-il retentir à notre oreille ?
Nous trouvions-nous donc sur ces dangereux parages de la côte norvégienne ? Le Nautilus était-il entraîné dans ce gouffre, au moment où notre canot allait se détacher de ses flancs ?

On sait qu'au moment du flux, les eaux resserrées entre les îles Feroë et Loffoden sont précipitées avec une irrésistible violence. Elles forment un tourbillon dont aucun navire n'a jamais pu sortir. De tous les points de l'horizon accourent des lames monstrueuses. Elles forment ce gouffre justement appelé le « Nombril de l'Océan », dont la puissance d'attraction s'étend jusqu'à une distance de quinze kilomètres. Là sont aspirés non seulement les navires, mais les baleines, mais aussi les ours blancs des régions boréales.

C'est là que le Nautilus involontairement ou volontairement peut-être — avait été engagé par son capitaine. Il décrivait une spirale dont le rayon diminuait de plus en plus. Ainsi que lui, le canot, encore accroché à son flanc, était emporté avec une vitesse vertigineuse. Je le sentais. J'éprouvais ce tournoiement maladif qui succède à un mouvement de giration trop prolongé. Nous étions dans l'épouvante, dans l'horreur portée à son comble, la circulation suspendue, l'influence nerveuse annihilée, traversés de sueurs froides comme les sueurs de l'agonie ! Et quel bruit autour de notre frêle canot ! Quels mugissements que l'écho répétait à une distance de plusieurs milles ! Quel fracas que celui de ces eaux brisées sur les roches aiguës du fond, là où les corps les plus durs se brisent, là où les troncs d'arbres s'usent et se font « une fourrure de poils », selon l'expression norvégienne!

Quelle situation ! Nous étions ballottés affreusement. Le Nautilus se défendait comme un être humain. Ses muscles d'acier craquaient. Parfois il se dressait, et nous avec lui !

« Il faut tenir bon, dit Ned, et revisser les écrous ! En restant attachés au Nautilus, nous pouvons nous sauver encore... ! »


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[F 5]
Avslutningen på boken, Nautilus i Lofoten, Nordland
Ch. XXIII

Voici la conclusion de ce voyage sous les mers. Ce qui se passa pendant cette nuit, comment le canot échappa au formidable remous du Maelstrom, comment Ned Land, Conseil et moi, nous sortîmes du gouffre, je ne saurai le dire. Mais quand je revins à moi, j’étais couché dans la cabane d’un pêcheur des îles Loffoden. Mes deux compagnons, sains et saufs étaient près de moi et me pressaient les mains. Nous nous embrassâmes avec effusion”

En ce moment, nous ne pouvons songer à regagner la France. Les moyens de communications entre la Norvège septentrionale et le sud sont rares. Je suis donc forcé d'attendre le passage du bateau à vapeur qui fait le service bimensuel du Cap Nord.

Oversatt:
“Og her er vi fremme ved avslutningen for denne reisen under havet. Hva som skjedde den natten, hvor lettbåten slapp unna de enorme virvlene i malstrømmen, hvordan Ned Land, Conseil og jeg kom oss unna, kan jeg ikke si. Men da jeg kom til meg selv lå jeg i hytta til en fisker fra Lofoten-øyene. Mine to ledsagere som også var kommet uskadd fra det hele, var sammen med meg. Vi tok hverandres hender og omfavnet hverandre varmt.”

Akkurat nå, kan vi ikke tenke på å returnere til Frankrike. Kommunikasjonsmidlene  mellom det nordlige Norge og sør er sjeldne. Jeg er derfor tvunget til å vente på overfart med  dampskipet som trafikkerer Nordkapp annen hver måned.


Vingt Mille Lieues sous les Mers  -Jules Verne 1869
 

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